Thomas Rain Crowe
Ma vie dans les Appalaches
Traduction Mathias de Breyne
Ed. Phébus
« Après des années d’errance
aux Etats-Unis et en Europe », Thomas Rain Crowe est de retour chez lui.Chez lui : une cabane qu’on lui
a prêtée, avec un poêle à bois et une terre arable en assez grande quantité le
long de la Green River ,
à la frontière de la Caroline
du Nord et de la Caroline
du Sud.Là, « au milieu des grands arbres et des
braillements obscurs de la nature et de l’esprit humain », il vivra dans
une relative réclusion, tirant sa subsistance du labeur de ses mains. Loin de
toutes les sollicitations, toutes les connections du monde moderne, afin d’apprendre
à mieux se connaître.«Etre de retour chez soi » est l’une des
réflexions, des méditations de ce livre. L’une des réflexions sur laquelle l’homme qui
écrit se penche, avec laquelle il
interroge le genre de vie qu’il mène là.
Ce que signifie s’approprier un lieu, non en le possédant, mais en
essayant de vivre en bonne amitié avec lui, faire sien un coin où l’on vient de
se poser, ou l’on en est venu, et ce
pour des raisons personnelles, à se poser… Le poète Carl Sandburg, qui avait
vécu lui aussi dans ce même coin, à quelques kms de la cabane de Thomas Rain
Crowe, comme nous l’apprenons dans le chapitre Connemara (nom de la ferme de Sandburg), pensait qu’être chez soi signifie
vivre dans l’endroit qui nous donne uniquement ce dont on a besoin dans la vie,
ce qui pour lui correspondait à : « Ne pas être emprisonné, manger
régulièrement, publier ce que j’écris, et recevoir un peu d’amour à la maison
et à l’extérieur ».
Thomas Rain Crowe nous prévient tout
de suite, une telle existence n’a rien d’une rêverie romantique, ni d’une idylle
avec la nature, mais demande avant tout une bonne santé physique et une bonne
relation avec soi-même. Cet accord est d’ailleurs ce qui s’approfondit dans le
silence, et qui passe par la relation avec la nature. Un bon dialogue avec la
nature est le reflet d’un bon dialogue avec soi-même, et vice-versa. Et ce
dialogue est un chemin qui se creuse, en travaillant la terre, en regardant les
étoiles, en se baignant nu dans une rivière… marchant sur ce chemin qui n’a pas
de fin.
Ce mode de vie, nous dit-il aussi, n’est
pas seulement un mode de survie mais c’est aussi un engagement. L’équilibre
avec la nature ayant été rompu, si nous ne faisons rien notre avenir est
fortement en danger. L’équilibre à
trouver, à retrouver est l’un des thèmes importants du livre.
C’est même l’enjeu de ce mode de vie auquel Thomas
Rain Crowe
s’est plié volontairement. En prenant conscience de la marche destructrice « du progrès », des effets ravageurs de l’instinct de propriété, de l’emploi de toutes les ressources naturelles pour le seul profit des hommes, « dans cette perspective, il est bien évident que même si tout le monde ne peut vivre comme moi, nous devons tous être dans une relation plus intime avec notre environnement naturel et considérer la terre comme un objet vivant, digne de respect et non comme un sujet inanimé, quelque chose à conquérir et à posséder ».
s’est plié volontairement. En prenant conscience de la marche destructrice « du progrès », des effets ravageurs de l’instinct de propriété, de l’emploi de toutes les ressources naturelles pour le seul profit des hommes, « dans cette perspective, il est bien évident que même si tout le monde ne peut vivre comme moi, nous devons tous être dans une relation plus intime avec notre environnement naturel et considérer la terre comme un objet vivant, digne de respect et non comme un sujet inanimé, quelque chose à conquérir et à posséder ».
Sans cela, pas de retour possible
chez soi, même si ce chez soi se voit menacé à la fin par la disparition de Zoro
et de Mac, les deux mentors de Thomas , et par l’arrivée d’une nouvelle
génération, qui transforme imperceptiblement les lieux, « au lieu de vivre dans la
nature, j’avais le sentiment tout bonnement de vivre à la campagne ». Le
départ est alors inéluctable et le retour chez soi impossible.
Reste la connaissance du chez soi.
On peut lire sur le site de la république des livres un bel article de Mathias de Breyne sur la traduction du livre:
Le poète
Thomas Rain Crowe* a réagi à la mort de Nelson Mandela par un poème que je
retranscris ci-dessous. La première
partie a été écrite à l’annonce de la libération de Mandela, après 27 années de
prisons, le 2/12/1990, la deuxième, à l’annonce de sa mort, le 06/12/2013. Objet du message : Mandela
Tribute (hommage à Mandela)
MANDELA
How mighty Mandela
moves through
what was once a
fence, now a freedom
as far as the eye
can see, bodies, dancing,
and covering up
crossroads as he moves in
the direction of
home: Sowetto, sweet Sowetto
that stands for
what a tribe knows when it sings!
M A N D E L
A…. M A N D E L A….
All Africa lines the road less traveled.
By this time you’d
think thirty years would be too long
for any man to
wait, but not Mandela.
M A N D E L
A…. M A N D E L A….
“Man” for all
mankind. “Dela” for a deal.
For “one man, one
vote,” even for a messiah who
walks through the
curtain of pain
onto the stage of
prophecy
like the last spark
for the first fire of a new age.
Like the walk down
from Sinai into the limelight.
Out of the cold.
M A D I B A…. M A D I B A….
“We are the new Africa .
We are the new Freedom.
We are the
Forgivers. We are the World.
Together, now, we
will dance:
the dance of democracy
the dance of prosperity
the dance of Peace.
We are the new Africa .
We are the world.”
M A D I B A…. M A D I B A….
All people. All love. We hold his name on high.
M A D I B A…. M A D I B
A….
2/12/1990 and 6/12/2013
THOMAS RAIN CROWE