Du voyageur invisible au Voyageur de l'invisible
Dans un article de Toni Maraini, pour l'exposition de Guy Calamusa à Querceto (Toscane) en 2011,
il est question des "compositions du peintre qui traduisent la souffrance
d'« un voyageur invisible »".
Dans les titres de tableaux : Au bord des routes, Au bord du chemin, Conversation sous les arbres, Le voyage d'Ulysse... on distingue une ligne de fuite, trait
attrait et retrait
de l' errance
Au bord du chemin |
Au bord des routes |
Le voyage d'Ulysse |
Conversation sous les arbres |
qui sans resterait invisible.
Guy Calamusa est d'origine sicilienne. Il est profondément attaché à la Méditerranée, à cette mer
carrefour des civilisations. Il est né au Maroc. Après des études universitaires achevées à
Aix-en-Provence, il part enseigner à l'étranger. Il partage son temps entre la peinture et l'enseignement.Autodidacte, son travail met en scène un monde en devenir, en gestation où le peintre d'une toile à l'autre accomplit un travail de tisserand. A travers chaque tracé de crayons, de mots, de signes , de points qui se joignent et disjoignent,le peintre semble recoudre le tissu d'un déracinement intérieur. Par ailleurs, des symboles récurrents – oiseaux, échelles, barques- amènent vers un sens plus caché du monde. On y découvre des oiseaux aux regards interrogateurs, souvent figurés au bas du tableau. Ils semblent avoir perdu l'usage de leurs ailes et scrutent d'un air étonné le centre de la toile. Ou encore ces petits dessins , ces lignes griffées, ces points , ces numéros reconstituent peu à peu la carte d'un voyage imaginaire ou d'un paysage empli de broussaille. Parfois, des petites silhouettes noires stylisées tendent vers le ciel leurs bras trop courts et nous observent. Ailleurs, ce sont des signes posés au hasard de la surface de la toile -chiffres, lettres, enchevêtrements de tracés
de crayons gras, secs- posent les jalons d' une écriture hiéroglyphique. A propos de ces signes, dans
une lettre adressée au peintre, Jacques Dupin parle d' « émantation énigmatique » et écrit qu'ils
renvoient « à une poésie d'une errance laconique. » En effet, l'espace dans les tableaux est ouvert, la peinture est « en broussaille » comme si le souci majeur était ici de souligner l'aspect inachevé du tableau, l'aspect chaotique des couleurs et par là mêmedu monde. Un autre aspect de cette ouverture se retrouve dans les rencontres de poètes que le peintre a sollicités-échanges de courrier, de dessins, voyages- et qui ont donné lieu à des petits livres d'art. Plusieurs livres ont vu le jour avec Vénus Khoury-Ghata, James Sacré, Toni Maraini, Jeanne Hyvrard, Jean Gabriel Cosculluela, Sylvie Durbec.
http://rictus.info/guy-calamusa.html
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Voyageur de l'invisible
de Jean Gabriel Cosculluela
avec des peintures
de
Guy Calamusa
ed. à tirage limité, 20 ex.
collection Poèmes de la Nuit