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samedi 13 octobre 2012



 avant la sortie de  
             
 "Voyageur de l'Invisible"  de Jean Gabriel Cosculluela ,


avec des peintures de Guy Calamusa
coll. Poèmes de la Nuit (20 ex.) 
en novembre 2012




un texte extrait de l'essai de Jean Gabriel Cosculluela sur les livres singuliers ou d'artistes:



Les limites du livre

                                         à Emile-Bernard Souchière
                                         & Anik Vinay


                                   l'affirmation nue du rien comme: rien
                                   Roger Munier


L'écrivain, l'artiste, l'éditeur, le typographe viennent au livre par ses limites, par ses bords, par son espace traversé.
A l'atelier, le livre se voit d'abord précisément par ses limites, ses bords, le visible de sa présence, puis viennent  l'espace et le temps de l'invisible, de la solitude partagée, la traversée de l'invisible, de ce qui est à risquer dans le confrontation et le dialogue, ce qui fait que le livre est un et singulier, d'un singulier qui se fait soudainement pauvre et pluriel avec les yeux et les mains.
Le livre prend corps ainsi dans les limites, les bords du visible et de l'invisible. Cet espace et ce temps traversés vivent des limites.

A l'atelier, reste toujours vive cette question: le livre pauvre, encore, comment l'imaginer ? (1)

Le livre n'est jamais comme.  Il est le moins du monde une image, une ressemblance. Il ne doit ressembler à rien d'autre que ce qui l'accompagne dans le visible et l'invisible, qui le creuse en son lieu même, à ses instants mêmes et autres. Le livre risque peut-être ceci, son rien-d'autre:  comme vous me demandez de m’expliquer malgré tout – alors que le sens intime du rien se suffit et n’est guère explicable – je “dirai” que le rien échappe au monde tout en n’étant rien sans lui : son rien-d’autre. (2)

Le livre est un lieu de lumière et d'obscur, transitif mais aussi tranchant, saillant. Il se donne, fermé et visible, puis ouvert et invisible, à la part toujours inconnue des yeux et des mains.

Laisser l'esprit comme en suspens, sans intention, sans attente. Ouvert sans plus à ce qui peut venir (3) .Le livre est le lieu de l'inachevé, du suspens, où se tient le risque,  où s'invente tout lecteur qui vient. C'est un risque à prendre pour l'écrivain l'artiste, l'éditeur, le typographe, le lecteur.


13 août - 15 août 2012
© jg cosculluela, août 2012

(1)Jean Gabriel Cosculluela, L'accompagnement in revue Anima n°5 Les cendres  (décembre 1982), éditions Jacques Brémond
(2)Roger Munier, in Sauf-conduit, l'enjeu poétique, entretien avec Chantal Colomb, éditions Lettres Vives, 1999
(3)Roger Munier écrivit ceci dans les derniers jours de sa vie, derniers fragments publiés in revue Europe n° 990 (octobre 2011)