target='_blank'

jeudi 15 décembre 2011





Afin de pouvoir faire imprimer le recueil de poésie bilingue Coraçao sem frei/Cœur sans frein  d’Astrid Cabral par un imprimeur de qualité et par là de tenter de nouveaux canaux de diffusion nous avons lancé une collecte sur la plateforme web généraliste de financement participatif dédiée à la créativité et à l'innovation.

Merci aux premiers donateurs aux ules mystérieux…


Quelques repères et dates…
               ASTRID CABRAL est née  au BRÉSIL, le 25 septembre 1936, à Manaus où de bonne heure elle intègre le mouvement moderniste littéraire amazonien, connu sous le nom de Clube da Madrugada (Club de l’aube). Cet ancrage dans une réalité physique, locale sera une constante de sa poésie, même si la perception de celle-ci  est avant tout intimiste, le développement d’une sensibilité féminine forte. Cet environnement, culturel, affectif, elle le quittera définitivement à l’âge de 18 ans où elle déménage pour Rio de Janeiro. Sans cesse, dans ses poèmes, elle y retournera.
Diplomée de Lettres Néo-latines à  l'Université Nationale de Philosophie, elle enseigne à Rio la littérature brésilienne  puis à l’Université de Brasília (DF) langue et  littérature portugaise du Moyen Âge. Dans cette université, dont elle est l’un des membres  fondateurs, elle travaille de 1962 à 1966. Jusqu’au coup d’état militaire où elle démissionne. A l’amnistie, plus de vingt ans plus tard, elle  réintègrera  l’Université.
En 1968, elle entre au Ministère des Affaires Étrangères comme Officier de Chancellerie, et travaille à Brasilia, Beyrouth, Rio de Janeiro et Chicago, effectuant les travaux les plus divers. Elle travaille au cabinet du Ministre  à Brasilia, à l’Ambassade du Brésil à Beyrouth, au Consulat Général du Brésil à Chicago. Durant plusieurs années aux Archives Historique de l’Itamaraty à Rio de Janeiro,  elle s’occupe de recherches ainsi que de la révision des 14 volumes des manuscrits du conseil d’état,  et à l ‘Institut Brésilien d’Education, Science et Culture, organe lié à l’Unesco, elle est l’éditrice responsable de la publication du bulletin mensuel de l’institution.
 Astrid Cabral a reçu de nombreux prix importants de poésie, dont deux de l’Académie Brésilienne de Lettres. Elle figure dans  plus de cinquante anthologies nationales et internationales. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises elle a été invité comme représentante de son pays, aux Etats-Unis et en Europe. Depuis la fin des années 90, elle a participé aux mouvements de l’oralité de la poésie, entre autres Panorama da palavra, Poesia simplesmente, Ponte de versos. Elle écrit aussi des chroniques et des textes de critique à la demande des journaux et des auteurs.
Fondatrice de l’Associação Nacional dos Escritores de Brasília, elle fait partie du Pen Clube do Brasil et de l’União Brasileira de Escritores de Rio de Janeiro.  Elle a traduit de l’anglais plusieurs livres pour la Bibliothèque de Readers’ Digest et pour l’ Editora Global, «  Walden ou la vie dans les bois» et « La désobéissance civile», de Henry David Thoreau.
Veuve du poète brésilien Afonso Félix de Sousa, avec qui elle a vécu  plus de 45 ans, elle est la mère de cinq enfants. Aujourd'hui elle vit à Rio de Janeiro


Livres publiés:
Alameda (contes) 1ª edição: GRD, Rio, 1963; 2ª edição: Editora Valer, Manaus, 1998 
Ponto de cruz (poésie) Cátedra, Rio, 1979
Torna-viagem (poésie) Pirata, Recife, 1981
Zé Pirulito (histoire enfantine) Agir, Rio, 1982
Lição de Alice (poésie) Philobiblion, Rio, 1986
Visgo da terra (poésie) Edição Puxirum, Manaus, 1986
Rês desgarrada (poésie) Thesaurus, Brasília, 1994
De déu em déu (5 livres) Sette Letras/Biblioteca Nacional, Rio, 1998
Intramuros (poésie) Secretaria de Estado da Cultura do Paraná, 1998
Rasos d’água (poésie) Co-edição Governo do Amazonas, Editora Valer, Manaus, 2003
Jaula (poésie) Editora da Palavra, Rio de Janeiro, 2006.  Traduit de l’anglais  par Host Publications, Austin, Texas
Ante-sala (poésie) Editora Bem-te-vi, Rio de Janeiro, 2007
Doigts dans l’eau (poésie) , Lês Arêtes. La Rochelle, 2008
Antologia pessoal (poésie) Editora Thesaurus, Brasília, 2008
50 poemas escolhidos pelo autor . Editora Galo Branco, Rio de Janeiro, 2008
Palavra na berlinda(poèsie).Editora Íbis Libris, Rio de Janeiro, 2011







Ce jardin secret

Dans ce jardin si nocturne
s’empilent les ténèbres crépues
comme des touffes de velours.
Émancipés du jour
tournent les tournesols fous.
Semblables aux feuillages rebelles
bougent les êtres délivrés
de leurs cages habituelles.
Des anthuriums sans pudeur
exposent l’audacieuse luxure
de leurs membres raides
tandis qu’un arôme humide
et fort envahit tous les nez.
Des fruits exotiques engraissent
du sang roux du crime
coagulé sous la terre usée
alors qu’à l’ombre des orties
vie et mort se complètent.


Non, la poésie d’Astrid Cabral n’est pas exotique même si l’on y trouve des fruits, des animaux sauvages, des plantes exubérantes… Oui, Astrid Cabral aime et connaît les fruits nourriciers de son Brésil natal. Elle en connaît le nom, la saveur, la couleur, le poids, les vertus. La matière, le périssable, la nature, composent le sol où s’enracine sa poésie. Des fruits de cette terre elle ne craint rien, et sourit de la malédiction qui frappe encore certains. A ceux-là, fruits défendus, elle trouve une saveur unique. Et cette saveur même nourrira à son tour la terre qui les a portés, s’infiltrant dans quelques cours d’eau souterrains selon des voies internes propre à leur navigation. Territoires baignés de cet élément féminin, imprévisible, qu’est l’eau, nourris de ses alluvions, d’une gestation souterraine. La sensibilité d’Astrid Cabral épousera sans crainte le mouvement, le rythme de l’eau. Elle y lavera les sentiments de leur sentimentalité. L’émotion est intacte.  La connaissance de soi, de l’autre, de soi autre, sans cesse renouvelée. Mémoire qui ne cesse jamais de couler proche ou lointaine, élément naturel qui défie les barrages. Connaissance-mémoire  contemporaine, résolument, ancrée dans le quotidien, les pieds sur la terre, et la tête ? Pas tout à fait, pas seulement, car il y a ce qui va plus loin que le visible, ce qui  nous échappe . Ce qui commence dans l’expérience, et qui finit l’on ne sait où ? Ce qui commence, ce qui finit ? Qui sait ? L’expérience quotidienne, au cœur de la poésie d’Astrid Cabral est dépassée, éclairée non par des éclairs aveuglants mais par une lumière intérieure, une petite flamme, humble mais ardente. Ses poèmes, pour la plupart sont écrits d’un seul trait et rarement retravaillés. A ceux qui s’en étonnent, elle répond préférer l’humain à l’inanimé.   L’humain, la nature où elle puise la force de vivre, de surmonter les épreuves, et de remercier dieu !