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mercredi 22 mars 2017



Petite suite pour jours obscurs
de Jacques Ancet
sortie le 25 mars 2017


Jacques Ancet, petites suites pour jours obscurs,
Peinture de couverture et exemplaires de tête de Guy Calamusa
Collection au bord du livre, éditions Les Arêtes. Sortie le 25 mars 2017.

Vendredi dernier, alors que je présentais Luce Guilbaud,à la librairie /Galerie l’Archa des Carmes, pour sa lecture croisée de Nuit l’Habitable et Risques et Reliques aux éditions Les Arêtes, j’ai parlé très rapidement de la collection au bord du livre, une collection que j’avais voulu dans les marges, avec un livre au bord d’être un livre, si tant est que j’ai su, que je sache, ce qu’est un livre, définitivement.
L’idée de cette collection était, avant tout, pour moi, la possibilité d’interroger ce qu’est un livre, dans son contenu, et dans sa forme. J’attendais des auteurs qu’ils me confient des textes, des poèmes qui n’entrent nulle part, des esseulés, des refusés, des expérimentaux… je ne sais pas si le texte de Jacques Ancet fait partie de ceux là, mais ce que je sais c’est que c’est un poème qui se trouve toujours au bord de, de quelque chose, on ne sait pas. Des mots ? Du silence ? des portes ? Au bord de l’invisible contenu dans les mots ? Au bord de la mémoire…toujours au bord où tout échappe, monte et descend. Et pas grand-chose à quoi se rattraper, pas plus à celui qui parle, qu’à ce qu’il voit sans voir.

                                                « Immobile. On l’écoute. On  dit qu’on
                                                est au bord, mai de quoi ? C’est le jour . »

Petite suite pour jours obscurs, une petite suite en trois actes qui dévident un écheveau de fils assemblé par des mains dont on ne sait pas grand chose. Ni ce que cela signifie, au fond. Et cela commence par une angoisse, imperceptible, mais une angoisse       
                                      « Les mots m’aveuglent, dit-il.
                                        J’entre dans ce que j’ignore.
                                        Et cependant rien ne bouge
                                        ni les doigts, ni la lumière
                                        ni le sang contre le mur. »

qui se poursuit et qui se trouve au cœur du poème.

               « Je la sens venir. C’est dans le soir
                  quelque chose que je cherche comme
                  une ombre éparpillée tout autour.
                  Entre la vitre et ses reflets, entre
                  la lampe, les fleurs et le regard,
                  une petite peur qui attend
                 dans un coin. On voudrait la chasser
                  mais on ne trouve plus que de l’air,
                 le cœur qui saute dans la poitrine. »

on ne peut y échapper, 

« Il dit l’obscur est ma lumière. L’obscur pousse sous mes mots et je ne les vois plus : je les entends. L’obscur est ma manière d’apparaître. »

Guy Calamusa est à l’origine de cette publication.

S.P.







Jacques Ancet
Né le 14 juillet 1942 à Lyon. Vit actuellement près d’Annecy. Agrégé d'espagnol. A enseigné en classes préparatoires aux Grandes Ecoles littéraires et commerciales avant de se consacrer à son travail d'écrivain et de traducteur.
Poésie]
  • "L’Âge du fragment", chronique, Æncrages & Co, 2016.
  • Huit fois le jour, Lettres Vives, 2016
  • Ode au recommencement, Lettres Vives, 2013
  • Les travaux de l'infime, PO&PSY "in extenso", Erès, 2012
  • Comme si de rien, L'Amourier éditions, 2012
  • Portrait d’une ombre, coll. PO&PSY, Érès, 2011
  • Chronique d'un égarement, Lettres Vives, 2011
  • Puisqu'il est ce silence, Prose pour Henri Meschonnic, Lettres Vives, 2010
  • Les morceaux de l'image, avec Colette Deblé, Ficelle, 2010
  • Portrait du jour, La Porte, 2010
  • L'amitié des voix: I Les voix du temps II Le temps des voix, publie.net, 2009
  • L'Identité obscure, Lettres Vives, 2009
  • L'orage vient, La Porte 2009
  • Journal de l'air, Arfuyen, 2008
  • Entre corps et pensée, anthologie composée par Yves Charnet, le Dé Bleu,2007
  • L'Heure de cendre, Opales, 2006
  • N'importe où, La Porte, 2006
  • Diptyque avec une ombre, Arfuyen, 2005
  • Un morceau de lumière, Voix d'encre, 2005
  • Sur le fil, Tarabuste, 2006
  • La Dernière Phrase, Lettres Vives, 2004
  • Le Fil de la joie, La Porte, 2003
  • La Brûlure, Lettres Vives, 2002
  • On cherche quelqu'un, Dana, 2002
  • Le jour n'en finit pas, Lettres Vives, 2001
  • La Cour du cœur, Tarabuste, 2000
  • Vingt-quatre heures, l'été, Lettres Vives, 2000
  • L'Imperceptible, Lettres Vives, 1998
  • Schubert et autres élégies, Paroles d'Aube, 1997
  • Silence corps chemin, Mont Analogue Éditeur, 1996
  • La Chambre vide, Lettres Vives, 1995
  • Le Bruit du monde, Paroles d'Aube, 1993
  • Sous la montagne, Messidor, 1992
  • De l'obstinée possibilité de la lumière, Éliane Vernay, 1988
  • Lisières, Dominique Bedou, 1985
  • Passé composé, Le Verbe et l'empreinte, 1983
  • Avant l'absence, Éliane Vernay, 1979
  • Courbe du temps, Éliane Vernay, 1975
  • L'Autre Pays, Plein Chant, 1975
  • Silence corps chemin, Thomas, 1973 et 1975
  • Le Songe et la blessure, Plein Chant, 1972 et 1974

Prose[modifier | modifier le code]

  • La Ligne de crête, Tertium Éditions, 2007
  • Image et récit de l'arbre et des saisons, André Dimanche, 2002
  • Le Dénouement, Opales, 2001
  • Obéissance au vent - IV La tendresse, Mont Analogue Éditeur, 1997 'réed. publie.net 2011, publie.papier, 2012)
  • Obéissance au vent - III Le silence des chiens, Ubacs, 1990 (réed. publie.net, 2009, publie.papier, 2012)
  • Obéissance au vent - II La mémoire des visages, Flammarion, 1983
  • Obéissance au vent - I L'incessant, Flammarion, 1979

Théâtre[modifier | modifier le code]

  • Au Pied du Mur, avant-propos : Nasser-Edine Boucheqif, Coll. Paroles de Seine, Polyglotte-C.i.c.c.a.t, 2013.

Essais[modifier | modifier le code]

  • Chutes IV", Alidades, 2012
  • L'amitié des voix: I Les voix du temps II Le temps des voix, publie.net, 2009
  • La voix de la mer, publie.net, 2008
  • Chutes I, II, III, Alidades, 2005
  • Bernard Noël ou l'éclaircie, Opales, 2002
  • Un homme assis et qui regarde, Jean-Pierre Huguet, 1997
  • Entrada en materiaCátedra1985
  • Neuf poètes espagnols du vingtième siècle, Plein Chant, 1975
  • Luis Cernuda, Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1972

Traductions[modifier | modifier le code]

  • Vicente Aleixandre : La Destruction ou l'amour, Fédérop, Lyon, 1975 et 1977
  • Álvarez Ortega : Genèse suivi de Domaine de l'ombre, Le Taillis Pré, 2012
  • Jorge Luis Borges : La Proximité de la mer, 99 poèmes, Gallimard, coll. Du Monde entier, 2010
  • Luis Cernuda : Les Plaisirs interdits, Fata Morgana, 1981Un fleuve un amour, Fata Morgana, 1985Ocnos, Les Cahiers des Brisants, 1987
  • Antonio Gamoneda : Pierres gravées, Lettres Vives, 1996Froid des limites, Lettres Vives, 2000Blues Castillan, José Corti, 2004Description du mensonge, José Corti, 2004Passion du regard, Lettres Vives, 2004Clarté sans repos, Arfuyen, 2006Cecilia, Lettres Vives, 2006
  • Juan Gelman : L’Opération d’amour, Gallimard, 2006Lettre ouverte suivi de Sous la pluie étrangère, Caractères 2011, Com/positions, Caractères 2013
  • Ramón Gómez de la Serna : Le Livre muet, André Dimanche, 1998Lettres au hirondelles et à moi-même, André Dimanche, 2006
  • Jean de la Croix : Nuit obscure, Cantique spirituel et autres poèmes, Poésie/Gallimard, 1997Thérèse d'Avila/Jean de la Croix, Œuvres, Pléiade/Gallimard 2012
  • Roberto Juarroz : Fidélité à l’éclair, Lettres Vives, 2001Quinzième poésie verticale, José Corti, 2002
  • Liliana Lukin : Calligraphie de la voix, Alidades, 2013
  • Luis Mizón : Province perdue, trad. collective, Les Cahiers de Royaumont, 1988Jardin de ruines, Obsidiane, 1992
  • Alejandra Pizarnik : L'Autre Rive, Unes, 1983À propos de la comtesse sanglante, Unes, 1999Cahier jaune, Ypsilon.éditeur, 2012L'enfer musical, Ypsilon.éditeur,2012Extraction de la pierre de folie, Ypsilon.éditeur, 2013
  • Francisco de Quevedo : Les Furies et les Peines, 102 sonnets, Poésie/Gallimard, 2011
  • Andrés Sánchez Robayna : La Roche, Comp'Act, 1995Sur une pierre extrême, trad. collective, Les Cahiers de Royaumont, Créaphis, 1997Feu blanc, Le Taillis Pré,2004Sur une confidence de la mer grecque, Gallimard, 2008
  • José Angel Valente : L'Innocent suivi de Trente-sept fragments, Maspéro, 1978Trois leçons de ténèbres, Unes, 1985Material Memoria, Unes, 1985Intérieur avec figures, Unes, 1987L'Eclat, Unes, 1987La Pierre et le Centre, José Corti, 1991La Fin de l'âge d'argent, José Corti, 1992Au dieu sans nom, José Corti, 1992;Mandorle, Unes, 1992Paysage avec des oiseaux jaunes, José Corti, 1994Chansons d'au-delà, Unes, 1995Lecture à Ténérife, Unes, 1995Variations sur l’oiseau et le filet, José Corti, 1996Personne, Myriam Solal, 1997Trois Leçons de ténèbres, suivi de Mandorle et l’éclat, Poésie/Gallimard, 1998Communication sur le mur(entretien avec Antoni Tàpies), Unes, 1999; Treize poèmes, Dana, 2001Fragments d’un livre futur, José Corti, 2002
  • Xavier Villaurrutia : Nostalgie de la mort, José Corti, 1991
  • Paulina VindermanBarque noire, Lettres Vives, 2013
  • María Zambrano : Poésie et philosophie, José Corti, 2003; L’homme et le divin, José Corti, 2006





 Guy Calamusa

Né au Maroc, Guy Calamusa a longtemps vécu à Casablanca ; il s'est fixé, par la suite, en Provence. Une partie de son travail met en scène des cartes imaginaires à travers lesquelles abondent des symboles récurrents : oiseaux, échelles, barques. Ces différents signes conduisent vers une traversée cachée du monde. Le peintre semble accomplir d'une toile à l'autre un travail de tisserand, comme si à chaque coup de crayon, de pinceau, il fallait démasquer, démarquer ces "voyageurs invisibles". Il expose régulièrement, en France et également au Maroc (Galerie Ardital, Aix-en-Provence, 2008, Galerie Nelly l'Eplattenier, Genève, 2006 ; Cartographies imaginaires, IF Casablanca, 2003 ; galerie Nadar, Casablanca, 2009 ; galerie Chantal Mélenson, Annecy, 2012).
Guy Calamusa est d’origine sicilienne. Il est profondément attaché à la Méditerranée, à cette mer, carrefour des civilisations. Il est né au Maroc en 1965, a poursuivi ses études secondaires chez les pères de Foucauld.
Après des études universitaires achevées à Aix-en-Provence par une thèse en linguistique sur Le verbe et l’instant présent dans l’œuvre de Nathalie Sarraute, il part enseigner à l’étranger. Il partage son temps entre la peinture et l’enseignement.
Autodidacte, son travail met en scène un monde en devenir, en gestation où le peintre d’une toile à l’autre accomplit un travail de tisserand. A travers chaque tracé de crayons, de mots, de signes, de points qui se joignent et disjoignent, le peintre semble recoudre le tissu d’un déracinement intérieur. Par ailleurs, des symboles récurrents —oiseaux, échelles, barques— amènent vers un sens plus caché du monde. On y découvre des oiseaux aux regards interrogateurs, souvent figurés au bas du tableau. Ils semblent avoir perdu l’usage de leurs ailes et scrutent d’un air étonné le centre de la toile. Ou encore ces petits dessins, ces lignes griffées, ces points, ces numéros reconstituent peu à peu la carte d’un voyage imaginaire ou d’un paysage empli de broussaille. Parfois, des petites silhouettes noires stylisées tendent vers le ciel leurs bras trop courts et nous observent. Ailleurs, ce sont des signes posés au hasard de la surface de la toile - chiffres, lettres, enchevêtrements de tracés de crayons gras, secs - posent les jalons d’une écriture hiéroglyphique. A propos de ces signes, dans une lettre adressée au peintre, Jacques Dupin parle d’ « émantation énigmatique » et écrit qu’ils renvoient « à une poésie d’une errance laconique. »
En effet, l’espace dans les tableaux de Guy Calamusa est ouvert, la peinture est « en broussaille » comme si le souci majeur du peintre était de souligner l’aspect inachevé du tableau, l’aspect chaotique des couleurs et par là-même du monde. Un autre aspect de cette ouverture se retrouve dans les rencontres de poètes que le peintre a sollicités ñ échanges de courrier, de dessins, voyages - et qui ont donné lieu à des petits livres d’art. Plusieurs livres ont vu le jour avec Vénus Khoury-Ghata, James Sacré, Toni Maraini, Jeanne Hyvrard, Jean Gabriel Cosculluela, Sylvie Durbec.
Chantal Mélanson