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mardi 27 septembre 2016

Né sans un cri, d'Amandine Marembert


Né sans un cri,
Amandine Marembert
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sortie le 28 septembre 2016

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Depuis plusieurs années Amandine Marembert consacre une part importante de son travail à explorer de manière poétique la parole silencieuse de son petit garçon autiste. Ce cheminement s’effectue soit en vers soit en prose, parfois parallèlement.
En 2013, Les Arêtes ont publié une sorte de journal de bord, Et s’il ne parlait pas ? (lui-même suite du livre Un petit garçon un peu silencieux, publié chez Al Manar en 2010), ouvrage qui  a reçu le prix Jean Follain en 2014. Dans la note de lecture qu’Antoine Emaz consacre à ce livre dans le numéro 25 de la revue N47, il saisit parfaitement le projet du livre et, au-delà, de ce travail qui l’accompagne dans son souffle continu car étroitement lié à son quotidien de vie intérieure et extérieure : « que la parole poétique puisse rendre présent, faire vivre en mots, un enfant particulier dans son énigme muette ». « Cet enfant est au centre du livre, dans son énigme silencieuse mais pas inexpressive, à travers ses gestes, ses actions, son corps, ou encore une sorte de langage adressé mais signifiant pour lui seul. Il ne parle pas comme on dit /affirme sa petite sœur / plus loin derrière / ou plus près devant ». La petite sœur dit exactement l’énigme : on est face à un en deçà ou un au-delà du langage. (…) Sans langage commun, comment rejoindre ? Au passage, c’est une des questions de la poésie… ».
En 2016, nous publions Né sans un cri, recueil composé de vignettes qui vont par paire, comme deux visions qui s'interrogent, se complètent, s'affrontent, l'une extérieure, l'autre intérieure, dans un face à face bien défini par un espace blanc, une plage de silence. Ce livre est un plaidoyer pour la différence. De lui, Amandine Marembert écrit : « Ce manuscrit donne à lire des vignettes en prose poétique qui représentent mon double témoignage de mère et de poète depuis la naissance de mon fils jusqu’à ses cinq ans. J’ai voulu y transcrire, d’un côté, la froide réalité objective du diagnostic médical, et de l’autre, ma réalité subjective de mère écrivant. Ces deux réalités reliées dans un parcours semé d’embûches matérielles et d’interrogations métaphysiques, d’incompréhension aussi. La forme des textes, en bloc de proses ressemblant à des rectangles photographiques, m’a permis d’inscrire ma parole dans un cadre qui permet d’apprivoiser un peu le hors cadre - ce qui dépasse l’entendement. Quand on vit avec l’autisme, on s’endort, on dort, on se réveille, on parle, on regarde, on écrit avec cette réalité-là. Les moments d’oubli sont très rares et jamais complets. J’essaie, dans ce nouveau travail, de tendre une main d’écriture en continu pour approcher cette autre connaissance que l’enfant développe, cette autre logique qui n’est pas forcément dénuée de sens mais qui laisse les parents  perplexes. Je tente de déployer une relation dans les mots qui permettrait un va et vient permanent – et, dans l’idéal une osmose – entre le monde de l’enfant autiste et celui de sa famille proche. Je pense que je cherche à créer un espace de parole qui,  essayant d' échapper aux normes du langage utilitaire et ordinaire, arriverait à créer un possible langagier commun aux « neurotypiques » et aux autistes.
Ces travaux d’écriture présentent également une dimension militante qui souhaite porter la parole très peu partagée de cette réalité-là, et encore moins dans le domaine de la poésie. Il s’agit également de donner une vision critique de la difficile réalité sociale des personnes avec autisme. D’évoquer sans pathos la détresse des nombreuses familles isolées dans ce mystère du "non verbal". »
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L’inspectrice qui est venue visiter ma classe m’a affirmé qu’on pouvait travailler le vocabulaire de différentes manières. Que les entrées en étaient variées. Vous savez, par exemple, ce mot du jour associé à une image-
définition qu’on pose près du bol de petit-déjeuner des enfants. Non, je ne savais pas. Mon enfant ne parle pas.







J’ai fait lire à mes élèves un livre de courts récits de
Jean-Marie Gustave Le Clézio. Les héros en sont souvent des garçons, rêveurs, en marge. Personne ne sait dire d’où ils viennent. Ils ne parlent pas beaucoup, ne savent parfois ni lire ni écrire, posent des questions étranges qui ressemblent à des devinettes ou qui font briller le regard de certaines 
personnes. Ils dorment les yeux ouverts. Ils ne connaissent personne et personne ne les connaît. Ils ont peu ou pas
d’amis pour ne pas être liés. Ils s’enfuient de l’école pour y 
revenir par d’autres chemins qui ont vu la mer. Il me semble parfois que tu es l’un de ces jeunes garçons aux vêtements froissés, qui vient de très loin, de l’autre côté des montagnes, de l’autre côté de la mer, et qui peut s’enfuir d’un instant à l’autre, sans prévenir. Qu’il faut apprendre à te connaître sans te poser trop de questions, sans te demander de quel pays tu viens. 

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à noter deux rendez-vous :

Rencontre/lecture/signature avec Amandine Marembert, le 21octobre à 18H.30 à L'Archa des Carmes,  Arles

Signature le samedi 12 novembre, à 15H. pour le Salon de l'Autre Livre, Paris


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Né sans un cri
collection feuilles
74 pages
isbn : 978-2-915886-49-8
17€

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