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dimanche 11 novembre 2012



Dire à Dieu ce que je ne devrais pas dire qu’à lui

Dominique Maurizi



« Il est trop tard pour partir. Filer. Tout ça est arrivé il n’y a pas si longtemps. Je l’ai appelé vent, je l’ai fait vivre verbe et j’ai  appelé Dieu. Il n’y a pas si longtemps. Tu es là ? Il est trop tard pour filer, partir. Depuis peu je me réserve la patience des anges. Les nuits, les jours passent profonds de par le monde et des roses ont surgi où ne venaient que les épines. Tel est mon sort à présent. Je rêve avec les pierres »








En lisant pour la première fois le titre « Dire à Dieu ce que je ne devrais pas dire qu’à lui », avant même d’avoir à me demander ce que le mot  Dieu  pouvait désigner ici, entité religieuse ou philosophique, principe, c’est sur l’autre, l’absent, celui auquel la proposition s’adresse  également, que je me suis tout d’abord interrogée.  L’autre, qu’immanquablement  j’allais devenir un peu, moi, lectrice, en découvrant cette parole indirectement partagée. Nulle indiscrétion en somme,  car, et cela je ne le craignais pas,  ce n’est pas d’une affaire strictement personnelle, d’une affaire entre Dieu et soi dont il pouvait s’agir

 ainsi entendre peut-être pourquoi c’était à lui que l’auteure tenait à s’adresser ouvertement, avant moi, qui viendrais toujours après, et si cela au fond avait quelque importance

quel secret quel silence quelle expérience quelle vérité du dedans ?

quelle illumination ?

puis j’ai oublié mes questions, j’ai réellement oublié ce que ce titre avait provoqué en moi en commençant la lecture du manuscrit. Entraînée dès l’exergue de Benjamin Fondane « …La vie s’est toujours foutue de toutes les règles »  je me suis laissé porter par la délicatesse d’« un chant en pente blanche ».  Un chant où l’alternance de l’ombre et de la lumière font entendre les battements du cœur d’où petit à petit s’élève une prière « Que plus rien ne s’abatte sur nous !»

elliptique, cette parole souffle à l’oreille humaine "la patience des pierres", teintée d’une douce ironie, «  Eh l’ami, tu ne trouves pas que ça vaut de l’or ? Dis, tu dors ? »

pour ponctuation une photographie argentique noir et blanc, 1991, New York, de l’auteure,

contemplation, image répétée, scindée, reprise


poème qui se lit et se relit sans fin.

S.P.




 Ecrivain et artiste, Dominique Maurizi a publié des poèmes et des récits aux éditions Isolato, Albertine et sur les presses du Temps qu’il fait, dans les revues Po&sie, Europe, Neige d’août, et deux livres pour enfants, l’un autour de Calder, l’autre de Bonnard (texte, dessins, photographies) aux éditions À dos d’âne. Ses photographies, dessins et collages sont régulièrement exposés à Paris et en province et elle a publié deux livres d’artiste (texte, peinture et collages) aux éditions Champfleury.

Écrivain et artiste, le corps, la tête, la main : « Un seul chantier, ma seule besogne, la musique dans les mots, les matières. Rien d’autre – le papier. Écrire, dessiner ou photographier, une seule et même vie – la patience, pour que vienne, c’est possible, l’heure d’une épiphanie, sans quoi tout ce temps, tout ce travail ne serait qu’une grimace inutilement fatigante », dit-elle. 


*

Dominique Maurizi 

sera présente
 au  10eme Salon des Indépendants, Paris
le samedi 17 novembre
pour une signature
de 17h.à 19h.
stand B6 (ed.Albertine)

à La Méduse, La Rochelle
le mardi 27 novembre 
à 18H.30
pour une lecture signature
autour d'un verre